Au cours de leur exil Djamila et le joueur de flûte repassaient ces poèmes en boucle.
– » Ils me semblent beaux. Ils éviteront l’érosion.
Mystérieusement ces poèmes se regroupent, se répondent à travers plusieurs générations dans une durée qui est peut-être celle:
Essentielle.
Du désir d’ Aimer!
Soi!
L’Autre! »
Se disaient Djamila et le joueur de flûte.
Toi Poésie:
« Etre » Abdelkader El Djazairi. « Croyance » Ibn Arabi. « Le Temps » Adonis. « Durer » Epopée de Gilgamesh. « Les Femmes » D.J Al-Zahawi. « Une Femme » Fawzi Al-Aiedy. « Gazelle » poème arabo-andalou Anonyme. « Le Chamelier » Tawfiq Zyad
Bande son . Peinture « Toi » : Akka
Tout d’abord il y a une Langue.
Ma langue.
Comme le dit Salman Masalha dans son poème « Laitani ».
« Si je pouvais être ma langue.
Savoir ce qui habite dans le cœur et exprimer tout ce qui est en moi.
Si je pouvais être une langue.
Sur une lèvre pliée par le tourment.
Qui ne dissimule ni ne dévoile rien.
Si elle me confiait sa parole.
J’exposerai à l’auditoire.
Les secrets de l’extase. »
Puis il y a un vieux dicton chinois:
« La peinture est le poème muet.
Le poème est la peinture invisible »
Akka.
Lecteur : Akka
Bande son : Romain Calistus
Photo : Akka & Eric Castanet
Peinture: « Djamila et le serpent » (détail)
Lecteur : Akka (extrait no 1)
Bande son : Romain Calistus
Né dans le Nord de la France, Kamal Akka, malgré ses nombreux voyages de par le monde et ses séjours au Maroc de ses aïeux, est toujours resté fidèle à la ville de Lille où il réside depuis de nombreuses années.
Recalé des écoles d’art de la région, qui lui reprochent son anticonformisme (pas de brouillon, pas de travail préliminaire, contours ou couleurs imprévues), Kamal poursuit seul son parcours artistique .
Une table dans un coin de son salon forme son atelier, et son appartement se fait galerie d’art où ses tableaux s’exposent jusque dans les toilettes.
Pour saisir l’œuvre, il faut avant tout saisir le personnage.
Un dîner s’imposait, autour d’un bon repas et de verres de vin, afin de discuter de ses tableaux, ses thématiques, ses origines … car en fin de compte, parler de sa vie revient à parler de son art.
Origines marocaines, séjours dans le petit village natal de son père, au cœur de l’oasis d’Akka (oui oui).Vacances chaque été à Tanger, ville natale de sa maman.
Enfance passée au catéchisme avec les enfants de son quartier … tous ces éléments vont former l’art particulier de Kamal, qui mélange subtilement Spiritualité et Erotisme.
Pour l’artiste, le voile est érotique. Le contour des jambes dessinées, la forme des cuisses, l’emplacement du cou, sera bien plus sensuel que l’exposition grossière de toute la chaire.
Sur ses tableaux, les formes ne sont donc qu’à moitié reproduites, les contours flous, comme observés à travers une fine brume.
Son art, contemporain, suit cependant les règles traditionnelles des œuvres musulmanes : la reproduction du réel y est fortuite, adieu, donc, les visages définis, la perspective, les formes complexes : une pyramide sera un triangle, un bâtiment un rectangle, le sol une ligne. Autre vision de l’érotisme, encore une fois.
La chambre, aux allures d’alcôve, abrite les œuvres les plus explicitement sensuelles.
A la lueur d’un éclairage tamisé, des formes phalliques, des fesses charnues et des poitrines se dessinent … parfois teintées de religion.
Un prêtre semblant prier se révèlera en fait être en plein acte d’onanisme.
Enfin, les œuvres de Kamal Akka revêtent aussi un aspect politique.
Un dinosaure aux allures de statue de la liberté dirige un cortège de char détruisant une ville aux allures orientales. Bagdad ?
Sur une autre œuvre, toute en verticalité, un mur de séparation occupe les 2/3 de l’espace, orné de barbelés, dissimilant une terre meurtrie.
Mais derrière ces messages, l’art est chaleureux et accessible.
Point de toile pour Kamal, l’art se fait sur n’importe quel objet de récupération, glané dans les rues.
Les couleurs sont Minérales; Végétales ; Organiques.
Une tranquillité trompeuse habite les peintures d’Akka.
Il y a ce qui…
Apparait.
Martin VAN BOXSOM
Le peintre Akka travaille actuellement sur le projet d’exposition « Djamila ».
Projet de collaboration avec les structures d’accueil d’expositions publiques ou privées.
Djamila est une réflexion sur le monde des Images et le monde des Mots.
Djamila aimait les histoires d’amour.
Le joueur de flûte était son élu.
Il lui consacra sa première note.
En laissant les croyants sans leurs pas,
Djamila s’éleva tel un temple interdit.
La lumière apparût et aveugla les croyants.
Djamila était la Vénus des temps anciens.
Soudain le livre s’ouvrit dans une folie meurtrière.
La foi des hommes.
Djamila se réfugia dans l’Amour laissant les croyants sans voix cette fois !
« Il était une fois…
Une interprétation d’autrefois.
Ma foi ! Se disait-elle ».
Le joueur de flûte se dressa à son tour contre les croyants et leur interprétation !
Il aimait l’Amour lui aussi.
Les causeuses se joignirent à Djamila.
– « Ne pas nier ! Ne pas nier ! » Criaient-elles.
Par le passé, les causeuses et Djamila avaient proclamé une série de bondieuseries fatwanesques, ce qui amusait le joueur de flûte mais avait fortement irrité les croyants.
Djamila et les causeuses lirent à nouveau le livre.
Les croyants mentaient.
Ils étaient ignorants.
Une union parfaite naquit entre Djamila et le joueur de flûte. Hélas un exil s’annonçait. Les croyants étaient furieux ! Le joueur de flûte composa un air sur le poème Croyance d’Ibn Arabi ce qui déclencha leur colère.
Djamila et les causeuses ne craignaient pas les croyants ignorants.
Elles étaient instruites.
Elles s’amusaient de ces leçons de liberté venues d’ailleurs.
N’étaient-elles pas en mesure de définir elles-mêmes ce qu’est la Liberté, la Vérité, l’Amour ?
Protestantes qu’elles étaient !
Elles pensaient à toutes ces histoires.
Elles se souvenaient de ces tracasseries gauloises !
– « Les civilisations s’interpénètrent entre elles, s’imitent inconsciemment, personne n’est unique ! »
– « C’est ça qui fait mal ! » rétorquait Djamila.
– « Et toutes ces guerres ? »
« La terre.
Taire la guerre.
Terre ?
Altère-moi.
Non !
Lui !
Toi !
Dégage ! »
Djamila et le joueur de flûte s’aimaient d’un amour intense.
Leur exil attrista les causeuses.
Le joueur de flûte n’était ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.
Une enfance volée l’avait mesuré très tôt au monde.
Il était comme un homme différent, fasciné par Djamila.
Il ne la regardait pas comme un besoin mais comme un sentiment.
De ces villes lointaines, me voilà ! S’affichait sur l’écran.
Les causeuses s’accordèrent un silence car le joueur de flûte allait reprendre sa note.
Djamila était la note divine.
Akka Kamal
Les mots en caractères gras correspondent aux peintures
Système audio pour « Les bondieuseries fatwanesques »
Peinture de Akka
80cm x120cm
Technique mixte
Peinture de Akka
77cm x60cm
Technique mixte
Collection Nora
Peinture de Akka
32cm x 42cm pour chaque tableau.
4 tableaux.
Peinture de Akka
44cm x35cm
Technique mixte
Peinture de Akka
52cm x 50cm
Technique mixte
Peinture de Akka
52cm x 31cm
Technique mixte
Peinture de Akka
« Houbb » en arabe. Etat général
59cm x 99cm
Technique mixte
Peinture de Akka
55cm x75cm
Technique mixte
Peinture de Akka
70cm x 44cm
Technique mixte
Union
Peinture de Akka
32cm x 52cm
Technique mixte
Cette peinture est précédée d’une photo (voir « Me voilà »)
Peinture de Akka
39cm x 56cm
Technique mixte
Collection: Hervé Rabi
Collage de Akka
Ce travail de collage; fait d’images; que l’on voit de loin pour l’instant est accompagné d’une liste de mots français que nous avons empruntés à la langue arabe.
« Le soleil d’Allah brille sur l’Occident » Sigrid Hunke. Albin Michel
Peinture de Akka
Cette peinture présentée en forme de croix…. est accompagnée d’une série de peintures dialoguant entre elles.
D’une vidéo montrant un bras sur le point d’abattre le mur à l’aide d’un marteau ainsi que d’un néon présenté comme une enseigne « Palestiniens tu nous manques » écrit en hébreux.
« Nous aspirons nous Hommes Femmes de Paix à ce que l’état d’Israël devienne un Pays. »
Projet en cours.
Peinture de Akka
Il s’agit d’un « Non » en arabe. Phallique.
Il n’existe plus comme tel.
Peinture de Akka
66cm x 46cm
Technique mixte